Alessa Black - Professeure de DCFM

« Mon cas n'est pas unique : j'ai peur de mourir et je suis navrée d'être au monde. J'ai pleuré, j'ai crié. Les larmes et les cris m'ont pris beaucoup de temps. Bien des heures, bien des soirs, toute une enfance à pleurer et à crier. Mes premiers mots ne sortirent qu'à mes quatre ans, si bien que l'on aurait pu me soupçonner de mutisme si mes pleurs ne réveillaient pas mes parents chaque nuit. » p.1

« Père. En voilà un mot doux-amer. Malgré la patine du temps passé, je le revois nettement. Tous les jours affublé de son classieux costume noir. Toujours le même. La même coupe. Le même tissu. Le même tailleur. Sa baguette était exactement de la même teinte et je le revois, à la lueur de la cheminée, la pointer vers moi en déclamant : « Noyer noir, corne de basilic , inflexible, 33,3 cm. »
C'était son rituel du soir. Il observait longuement sa baguette, l'admirait. Le seul objet de son amour. Moi je devais attendre, assise face à lui, qu'il ait terminé ses contemplations pour qu'il me laisse le droit d'aller dormir. [...] Il me haïssait, je le savais, parce qu'il voyait dans mes pleurs le constat de son échec. Je ne serais jamais à la hauteur de la famille Black. »  p.51

« Maman. Mademoiselle Margaret Evans, de son nom de jeune fille. Il ne reste qu'amertume lorsque je revois sa dépouille s'enfoncer dans ce cimetière. Emportée bêtement, d'un coup de sabot d'Abraxan. Elle les élevaient sur son temps libre et ça a lui coûté la vie. Elle a toute ma gratitude : c'est grâce à sa mort que j'ai abandonné mes pleurs et mes cris, que j'ai compris, à mes huit ans, que plus jamais je n'aurais d'autre raison de pleurer. »  p.54

« Mon père travaillait au ministère, aux services administratifs du Magenmagot. C'était un homme sinistre affublé du teint cireux traditionnel de la famille Black. Ma mère, elle, était un rayon de soleil malgré la difficulté de sa profession. Elle était Auror mais, avant tout, elle était passionnée de tout, et prenait le temps de m'expliquer tout ce que je pouvais lui demander. J'étais fascinée par ses exploits, et j'avais l'ambition de devenir aussi forte, aussi douée qu'elle. Mais je n'oubliais pas que j'avais à trouver ma propre voie, à ne pas rester dans l'ombre de ses exploits. »  p.55

« Je me rappelle nettement, à mes cinq ans, entendre ces mots. Nous sommes de sang-pur, Alessa. Et tu te dois d'honorer cette pureté. Ce concept est bien abstrait pour moi : quand je vois à quel point mes parents étaient différents, je ne peux que constater que ce concept est bien vide de sens. Bien sûr, il s'agit d'une réalité physique, tout comme on reconnait mon père dans mon teint pâle et ma chevelure noire. Une réalité physique qui ne veut rien dire, tant nous sommes différents. »  p.101

« Mes premiers pas à Poudlard furent une bénédiction. Après la mort de Maman, mon endurcissement, la naissance de ma froideur, le comportement de mon père se mua du mépris à la curiosité. Il me voyait, chaque été, revenir plus forte, plus ferme, plus douée, plus dangereuse. Chaque sortilège que j'apprenais était une occasion de devenir plus puissante, plus redoutable. Pourtant, à chaque occasion, il ne se privait pas de me rappeler que ce n'était pas suffisant, que je finirais comme elle si je ne m'améliorais pas d'avantage. »  p.75

« Très vite, les enseignements classiques ne me suffirent plus et c'est ainsi que, de soir en soir, de fil en aiguille, je me forgeais ma propre éducation magique. Les ouvrages les plus méconnus, les plus sombres, les plus poussiéreux des tomes, rien n'échappait à ma vigilance et je profitait du cocon de la nuit pour m'exercer. »  p.101

« Pourtant, malgré mon obnubilation pour la magie, je n'oubliais pas l'essentiel : le pouvoir n'est jamais totalement solitaire. Il me fallait être entourée, être crainte également. Tandis que, jouant de mon physique et de froide séduction, je me créais une popularité bienvenue, je me forgeais également une réputation à base de bruits de couloirs, de rumeurs que je créais de toute pièces, j'étais autant une beauté populaire qu'une curiosité malsaine » p.120

« Mes parents étaient si différents que, longtemps, j'ai soupçonné mon père d'avoir usé d'un philtre d'amour sur ma défunte et j'en voulais pour preuve mon incapacité à tomber amoureuse d'un de ces beaux garçons qui peuplaient Poudlard. Mes doutes furent dissipés en posant les yeux sur cette Poufsouffle en train de s'occuper d'hippogriphes dans les jardins de l'école. Une histoire d'amour brève, la belle me reprochant d'être trop obnubilée par mes livres plutôt que par sa personne. Encore aujourd'hui, je la regrette amèrement et il m'est devenu impossible de poser mon regard dans celui d'un hippogriphe... »  p.178

« En quittant Poudlard, ma soif d'apprendre me poussa à poursuivre une carrière de Langue-de-Plomb. Là, au cœur du département des Mystères, je pouvais poursuivre mes recherches sur la mort, mais aussi sur l'amour, à essayer de percer des brumes insondables. Sans amis, sans famille, sans conjointe et sans grande découvertes pour compenser. Je ressentais le besoin de revenir à Poudlard, de renouer avec le lieu qui m'avait sauvé la vie et, surtout, de protéger ces enfants pour qui le futur ne s'annonçait pas radieux. Ces conneries autour du sang-pur revenaient à la mode, et je me disais qu'avoir un nom tel que Black m'imposait d'agir. Le jour où la guerre éclatera, car c'est inévitable, je serais là. Pour eux.

Professeur de défense contre les forces du mal, me proposa-t-on. Ainsi soit-il. »  p.178

Te voilà enfin validé ^^ Il te reste cependant encore quelques papiers administratifs à signer au préalable.

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